Dark Light
L’enfant terrible de l’UE n’a plus envie de jouer le jeu. Les élections prochaines vont changer la donne.

Dans une interview publiée ce jeudi dans le quotidien Financieel Dagblad, Emile Roemer, le leader du Parti Socialiste (SP) aux Pays-Bas, menace de faire sauter l’euro quand il sera élu Premier ministre.

“Devrais-je payer cette amende ridicule dès que le déficit dépasse les 3% ?”, se demande-t-il. Et d’enchaîner en anglais : “Over my dead body”, soit “il faudra passer sur mon cadavre”. Une réponse fort peu diplomatique.

Emile Roemer, jovial provincial, estime que les règles européennes ne s’appliquent pas à son pays. Au lieu de mener une politique de rigueur, il envisage d’investir davantage dans l’économie. Les Pays-Bas, comme l’Espagne, auront droit à plus de temps pour atteindre les 3%. Celui qui sera probablement élu le 12 septembre lors des législatives menace ainsi tout bonnement de mettre des bâtons dans les roues lors du Conseil européen. Comment ? Il livre sa méthode au quotidien : “Je me mettrai perpendiculairement par terre sur la route de Van Rompuy, où de plus en plus de pouvoir est transféré aux technocrates, sans aucun contrôle démocratique et où le secteur financier se trouve à table. J’y mettrai mon véto !”

Donneurs de leçon

Membres fondateurs de l’Union européenne, les Pays-Bas se sont transformés en véritables europhobes. Le comportement à Bruxelles de l’actuel Premier ministre Mark Rutte (VVD) a endommagé la réputation du pays. Avec une arrogance stupéfiante, les Bataves n’ont pas hésité à donner des leçons aux pays en difficultés, ‘ces mangeurs d’ail’ comme on dit derrière les digues. Une attitude d’autant plus étonnante quand on sait que, depuis 2009, le déficit des Pays-Bas dépasse les critères de Maastricht.

Pour 2012, le déficit est estimé à 4,4%. Même si le gouvernement, démissionnaire depuis mars dernier, a conclu un accord avec l’opposition (une coalition opportuniste baptisé lugubrement ‘la coalition Kunduz’) pour atteindre le 3% en 2013, il est peu probable que l’objectif soit atteint.

Avec ses déclarations explosives, Emile Roemer s’inscrit donc dans la lignée néerlandaise mais il va encore plus loin : il dit ouvertement qu’il fera fi des traités signés (et dans la plupart des cas exigés) par les Pays-Bas. Lors de son premier sommet à Bruxelles il sera sans doute durement interrogé par ses homologues européens, au risque de paraître comme un partenaire peu fiable, voire dangereux.

Le Mélenchon batave

Emile Roemer, 50 ans, est le Jean-Luc Mélenchon des Pays-Bas. Et son SP, l’équivalent du Front de gauche. La seule différence avec le député européen au caractère explosif : Roemer est plutôt un gentleman. Un sondage de la télévision publique, publié mercredi donne le SP largement gagnant lors de ces futures élections avec 39 sièges contre 31 sièges pour le VVD, le parti ‘libéral’. Le PvdA, le parti comparable au PS français (quoique quelques décennies plus moderne que son homologue gaulois) se prépare, lui, à un cuisant échec.

Ce scrutin législatif dans moins de quatre semaines sera le cinquième pour les Pays-Bas depuis 2002. Et vu l’impossibilité de former une coalition durable, il y aura sans doute de nouvelles élections d’ici deux ans. Peut-être que d’ici là Emile Roemer sera revenu un peu à la raison…

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