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Aux Pays-Bas, les personnes âgées vivent chez elles le plus longtemps possible. Elles sont accueillies en maisons de soins seulement dans les cas extrêmes en fin de vie.

Un grand nombre des bâtiments monumentaux qui bordent les canaux d’Amsterdam ne sont pas des palais, comme dans la plupart des capitales européennes… mais des maisons de retraite vieilles de plusieurs siècles. Sur la rivière Amstel se trouvait l’une des plus grandes, l’Amstelhof qui abrite aujourd’hui la succursale de l’Ermitage, le célèbre musée de Saint-Pétersbourg. Les derniers résidents en sont partis en 2007.

La fermeture de l’Amstelhof en tant que foyer pour personnes âgées ne fut pas un événement isolé. En effet, depuis 2015, il n’existe plus aucune maison de retraite traditionnelle aux Pays-Bas. Dans les années 1990, on s’aperçut que les soins aux anciens tels qu’ils étaient prodigués depuis des décennies n’étaient plus adaptés à l’ère moderne. En 2013, le gouvernement néerlandais décide de fermer toutes les maisons de retraite, pour tenter d’enrayer leurs coûts toujours croissants. Un nombre grandissant de personnes âgées souhaitant continuer à vivre chez elles, il vise alors leur maintien à domicile, une politique qui, en outre, génère moins de dépenses.

Soins à domicile

En conséquence, une grande partie des soins s’est déplacée vers les soins à domicile. Dans leur propre quartier, les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Les soins relativement simples, comme la prise régulière de médicaments, l’alimentation par sonde, la rééducation après une opération ou la physiothérapie sont procurés par une infirmière attitrée du quartier, parfois plusieurs fois par jour.

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Quand la personne perd son autonomie et ne s’en sort plus, elle peut être admise dans une maison de soins. Le prix du séjour dépend du revenu et du capital du patient et varie de zéro euro à 2.506 euros par mois. C’est la CAK, institution publique faisant le lien entre les citoyens et les institutions médicales, qui en détermine le montant exact. Le reste est financé par l’Etat. Dans la plupart des maisons de soins, la durée moyenne de séjour est d’un peu moins d’un an, souvent la dernière année de vie.

Nouvelles formes de logements

Considéré par nombre de professionnels comme le modèle à suivre, son avenir est pourtant sous pression en raison du vieillissement de la population, mais surtout de la pénurie de personnel grandissante. La numérisation et même la robotisation des soins de santé sont inévitables, selon ActiZ, une association qui regroupe environ 400 organisations de soins s’occupant de deux millions de personnes âgées vulnérables ou atteintes de maladies chroniques.

Les personnes âgées souffrent cependant de la solitude à domicile. Comme leurs revenus sont élevés par rapport à ceux des autres grands pays de l’UE, principalement en raison de pensions plus importantes, elles sont prêtes à payer pour de nouvelles formes de logements collectifs. Curieusement, ceux-ci ressemblent à bien des égards aux béguinages, une forme de cohabitation très en vogue entre les XVe et XIXe siècles en Flandre et aux Pays-Bas. Un retour au bercail pour le troisième âge, robots en plus ?

Article publié dans Les Echos, le 10 février 2022

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