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L’Europe compte peu d’amis ces jours-ci. Pourtant, dans leur lutte contre le monstre bruxellois, ses pourfendeurs ont du mal à sceller des alliances.

L’Europe compte peu d’amis ces jours-ci. Pourtant, dans leur lutte contre le monstre bruxellois, ses pourfendeurs ont du mal à sceller des alliances.

Ironiquement, les anti-européens ont découvert que la meilleure manière de lutter contre la collaboration européenne est en fait… la collaboration européenne. Mis à part leur aversion pour l’Union, ils partagent peu d’idées. Certes, les partis eurosceptiques ou europhobes auront de bons scores le 25 mai prochain, mais la suite va s’avérer plus difficile.

En théorie, les partis populistes ou europhobes emporteront assez de sièges pour composer un groupe parlementaire au Parlement européen. Leur coopération renforcée présente des avantages financiers, mais surtout politiques : les eurosceptiques auront plus de poids dans les Commissions, le lieu où se réalise la plus grosse part du travail du Parlement. Pour y arriver, il faut au moins 25 députés originaires d’au moins un quart des États membres, soit 7 pays. Depuis plusieurs mois, Marine Le Pen sillonne le vieux continent à la recherche de camarades. Avec un succès mitigé. Elle pourra compter sur le PVV néerlandais (qui aura 4 ou 5 sièges au PE selon les derniers sondage), le Fpö autrichien (4 sièges), le Vlaams Belang (1 siège) et, peut-être, le SD Suédois (1 siège). Pas encore assez pour former un groupe. Dans la pratique, ils ne se ressemblent pas suffisamment pour parler d’une seule voix. Rien qu’avec le PVV de Geert Wilders, les différences sont nombreuses. Ce parti néerlandais est philosémite, défend farouchement les droits des homosexuels et trouve le TTIP, le traité de libre-échange entre l’UE et les USA pas assez libéral. Un grand contraste avec le FN, contre le ‘mariage pour tous’, au passé antisémite et au programme protectionniste.

Si elle parvient, malgré ces obstacles, à constituer un groupe parlementaire, Mme Le Pen a déjà annoncé vouloir saboter toute future législation européenne en utilisant une ‘minorité de blocage’ avec ses camarades néerlandais et autrichiens. Mais il y a un autre hic : l’alliance FN-PVV ne sera pas le seul groupe nationaliste. Elle concurrencera également l’EFD, qui regroupe aujourd’hui 31 députés eurosceptiques : l’UKIP (Grande-Bretagne), la Ligue du Nord (Italie) et Philippe de Villiers y siègent actuellement. Une collaboration entre le FN et l’EFD est (pour l’instant) exclue : l’UKIP snobe Le Pen et lui préfère Nicolas Dupont-Aignan. Selon le leader Nigel Farage, l’antisémitisme est dans « l’ADN du Front national ». En revanche, les opinions du parti misogyne néerlandais, le SGP, pose moins de problèmes : il est déjà dans l’EFD. Le Parti Populaire wallon, qui rêve d’une Union plus fédérale, est également tenté de rejoindre Farage, qui, lui, est pour le démantèlement de l’Union. Comprenne qui pourra…

Ensuite en Allemagne il y a l’Alternative für Deutschland, qui est anti-euro et qui pourra compter sur 4 à 6 eurodéputés. Ce parti rejette les discours anti-immigration de Farage, le décrivant comme ‘ridicule’ et ne semble pas très intéressé par le programme de Le Pen. Il pourrait s’associer aux conservateurs britanniques de David Cameron.

Les partis populistes sont donc aussi variés que les espèces animales dans le nouveau Jardin zoologique de Paris. Dans la chasse pour constituer un troupeau dans l’hémicycle strasbourgeois, tout animal est bon à prendre.

Publié dans La Croix, 9 mai 2014 – Photo © Stefan de Vries

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