En ce vendredi matin, le soleil brillait au dessus de l’Institut néerlandais (IN) à Paris. Ce n’était qu’une apparence.
Aux environs de midi, de sombres nuages obscurcirent subitement le ciel. Au même moment, le gouvernement du plat pays annonçait que, dans son infinie sagesse et sa grande générosité, il avait décidé d’arrêter de subventionner ce lieu qui promouvait la culture néerlandaise depuis 1957. En d’autres termes, clap de fin pour l’Institut. Il fermera ses portes du 121, rue de Lille, d’ici la fin de l’année.
Motif invoqué par le ministère des Affaires étrangères (MAE) : des coûts salariaux et un loyer trop élevés. Le personnel de l’Institut a eu beau à multiplier les initiatives de son côté pour augmenter ses propres revenus, l’effort n’a pas été jugé suffisant pour les comptables de La Haye. Alors quel sort pour le personnel de l’Institut néerlandais, soit une vingtaine de personnes ? Le licenciement collectif, tout simplement. Certains pourraient être embauchés par la Fondation Custodia, propriétaire de l’impressionnant hôtel particulier à deux pas de l’Assemblée, mais rien n’est encore acté.
Excédent commercial, déficit culturel
Chaque année, l’IN recevait près de 2 millions d’euros de subvention. A titre de comparaison : l’excédent commercial entre les Pays-Bas et la France en 2011 s’élevait à € 19,4 milliards en faveur des Pays-Bas. (Figures: CBS, l’INSEE néerlandais). Cela signifie que les entreprises françaises versent quotidiennement plus de € 53 millions de plus aux entreprises néerlandaises, que l’inverse. Tous les jours. En d’autres termes, en 45 minutes, les Pays-Bas gagnent en France plus que le coût annuel de l’IN (c’est peut-être comparer des pommes et des poires, mais vous trouverez plus à propos de ce sujet ici).
[aesop_map sticky= »off »]Située dans l’arrière-cour du 121, rue de Lille, la Fondation Custodia abrite la collection de l’amateur d’art néerlandais Frits Lugt. La collection de cet homme, également à l’initiative de la création de l’Institut, compte aujourd’hui plus de 90.000 œuvres. La fondation devrait utiliser les espaces de l’Institut pour des expositions et le service culturel de l’ambassade pourrait également emménager dans le bâtiment.
La capitale française perdra un institut culturel de renommée internationale. Ce qu’il adviendra des cours de néerlandais n’est pas encore clair. L’intérêt pour la langue de Van Gogh avait considérablement augmenté ces dernières années. Pour la bibliothèque de histoire de l’art, la troisième plus grande en France, une solution devra être trouvée. Lionel Veer, qui dans les années 1990 fut directeur de l’IN, est nommé pour superviser le processus de fermeture.
Le député Timmermans vs. le ministre Timmermans
La fin annoncée de l’Institut néerlandaise soulève des questions sur le rôle du ministre des Affaires étrangères, Frans Timmermans. Quand une fermeture éventuelle a été évoquée en juillet dernier, le MAE s’appelait Uri Rosenthal. Alors député, Timmermans avait immédiatement exprimé son mécontentement sur sa page Facebook, depuis supprimée. Et de devenir l’un des principaux défenseurs de l’Institut néerlandais. En novembre, trois jours seulement après sa nomination comme ministre, il avait qualifié de « très, très grandes », les chances de l’Institut de rester ouvert. C’était sans compter cette décision annoncée par son ministère, un vendredi bien sombre pour la culture néerlandaise.