Le déplacement, lundi dernier, de François Hollande aux Pays-Bas, première visite d’un président français depuis 2000, fut scruté par la presse internationale. Mais pas forcément pour les bonnes raisons.
Une semaine après le « Gayet-gate », même le plus grand quotidien néerlandais, De Telegraaf, titrait ce jour-là: « Valérie, c’est fini? » (en français dans le texte). Les journalistes étaient plus intéressés par la vie privée du président que par la relation entre les deux pays, si proches et pourtant si lointains. Car, malgré le fait qu’ils partagent beaucoup plus que l’on ne pense même une frontière (sur l’île antillaise Saint-Martin) , les deux pays se tournent en général le dos. À tort.
Social-libéralisme
Lundi, François Hollande a été reçu par Mark Rutte, premier ministre de la coalition sociale-libérale néerlandaise. Hasard du calendrier: au moment où le président lui-même a pris un virage « social-libéral », il s’est rendu chez les champions du social-libéralisme. Les annonces du président ont suscité beaucoup d’intérêt aux Pays-Bas. Parce que le plat pays se moque régulièrement du système français. Un Néerlandais naît entrepreneur optimiste, un Français protectionniste dépressif. La vie est simple comme ça. Et ce, dans un pays où les libéraux sont souvent plus sociaux que le PS et où les socialistes sont souvent plus libéraux que que qui, en fait? Car un libéral français c’est un peu comme un Yeti: il y a des gens qui prétendent l’avoir vu, mais il n’y a aucune preuve scientifique qu’il existe vraiment.
Deux pays du ‘non’
Pour les Néerlandais, la France est avant tout un pays de vacances. Pour les Français, les Pays-Bas sont un pays de la Scandinavie aux avant-gardismes sociaux. Malgré ces clichés, les Pays-Bas sont ceux qui investissent le plus en France, avec 81,7 milliards d’euros de stock de capital (chiffres de la Banque de France). Les deux pays du « non » de 2005 font, depuis, toujours partie du noyau dur de l’Union européenne. Pourtant, ils se connaissent mal. Depuis la crise, où les décisions européennes sont devenues beaucoup plus importantes que celles prises au niveau national, les deux pays se sont énormément rapprochés. Peut-être le citoyen lambda ne s’en rend-il pas compte, mais le pacte de responsabilité affectera autant les Néerlandais que le débat sur la retraite aux Pays-Bas affecte les Français.
François Hollande accueilli par les présidentes des deux chambres du Parlement néerlandais : ici ce sont deux femmes pic.twitter.com/pNxt4dGPRf
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) 20 Janvier 2014
Nous sommes donc plus proches que jamais, mais personne ne le dit. Les liens économiques et politiques doivent être mieux reconnus et davantage renforcés. En crise sur leur place en Europe, sur leur propre identité, la France et les Pays-Bas ont beaucoup de choses à s’offrir mutuellement. Que les Français s’approchent un peu plus de ces autres « Hollandais » ne peut être qu’une bonne nouvelle pour les deux pays. Espérons que la visite de cette semaine du président Hollande au pays de ses ancêtres n’est que le début d’une nouvelle relation passionnée qui attirera l’attention de la presse.
Cette tribune a été publiée dans La Croix du 24 janvier 2014.
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