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Après la victoire de François Hollande en mai dernier, un autre leader socialiste a recueilli les faveurs des électeurs. Un petit événement en Europe, où les dirigeants socialistes se font rares.

C’était il y a deux semaines aux Pays-Bas. Son nom : Diederik Samsom, leader du PvdA. Son parti, cousin du PS français, est arrivé en tête du scrutin avec le VVD. Et la victoire de ces deux partis non europhobes, a eu un goût de douce revanche pour les pro-Union européenne.

Pourtant, ce n’est pas par amour de l’Europe que les Néerlandais les ont fait gagner. N’en déplaise à José Manuel Barroso, les Bataves ne souhaitent pas davantage d’intégration européenne. Non, ils ont seulement été pragmatiques en glissant leur bulletin dans l’urne. Fins commerçants, ils se sont rendu compte qu’ils devaient leur richesse (2e pays le plus riche de l’UE) au marché unique, essentiellement.

Le fait que Samson soit quasiment sûr, à ce jour, de rentrer au futur gouvernement néerlandais représente une bonne nouvelle pour François Hollande, car les deux hommes ont les mêmes ambitions : moins d’austérité et plus de croissance en Europe. Ils s’alignent sur maints autres sujets. Comme le président français, Samson souhaiterait faire payer les riches et les entrepreneurs pour sortir de la crise. Les deux partagent aussi le principe d’instaurer une union bancaire et une taxe sur les transactions financières, une mesure dont les Pays-Bas jusqu’ici ne voulaient pas. Les similitudes entre les deux socialistes sont telles qu’un quotidien de droite horrifié nommait Samsom l’homme qui ‘veut faire des Pays-Bas une deuxième France’, pays synonyme de rigidité et de morosité.

Reste que les divergences entre la Hollande et Hollande demeurent nombreuses. Malgré la crise, le chômage aux Pays-Bas reste très bas (5,3% contre 10,3% pour la France en août 2012, cf. Eurostat). Le marché du travail y est très flexible. Les Néerlandais sont le peuple qui travaille le moins du monde entier et pourtant ils sont très riches. La protection sociale est meilleure que dans le fameux ‘modèle social’ français. La dette (65% du PIB) est inférieure tandis que la croissance sera un peu plus élevée que dans l’Hexagone cette année. Pour enfoncer le clou, les Pays-Bas devancent même en termes absolus la France en commerce extérieur. Au 1e semestre de 2012, ils exportaient pour €255 milliards. La France, avec quatre fois plus d’habitants n’exportaient que €223 milliards.

Le soupir de soulagement que l’on a pu entendre dans les capitales européennes après l’élection néerlandaise fut donc prématuré. Certes, les Néerlandais se sont un peu plus rapprochés de la France et de l’Europe, mais même avec des Socialistes dans le nouveau gouvernement, les Pays-Bas obligeront Hollande à avaler la pilule des règles européennes. Si la France refuse, il se pourrait que les habitants prospères du plat pays tournent définitivement le dos à l’Union. En revanche, Hollande aura un nouvel allié dans son combat avec Frau Merkel contre trop d’austérité. Finalement, au lieu du modèle allemand, c’est peut-être chez cousin Diederik Samsom que le président français pourra trouver quelques conseils pour remettre la France sur les rails.

Article paru dans La Croix, le 28 septembre 2012

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