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Vivement critiqué pour s’être montré « cassant » avec des journalistes, la nouvelle voix de la France en Tunisie a présenté samedi soir des excuses publiques à la télévision. Dans la matinée, 3.000 manifestants avaient réclamé le départ du diplomate en poste depuis une semaine seulement.
Manifestation à l’ambassade à Tunis, 19 février

Vivement critiqué pour s’être montré « cassant » avec des journalistes, la nouvelle voix de la France en Tunisie a présenté samedi soir des excuses publiques à la télévision. Dans la matinée, 3.000 manifestants avaient réclamé le départ du diplomate en poste depuis une semaine seulement.

« Dégagez, petit Sarko !« , « M. Boillon, vous occupez un poste diplomatique et vous n’avez rien d’un diplomate« , « Boris dégage ! », « C’est vous qui faites honte à la France« . Trois mille Tunisiens ont réclamé samedi à Tunis le départ du nouvel ambassadeur de France. A l’origine du courroux des manifestants : le « manque de diplomatie » et « l’agressivité » supposés de Boris Boillon, 41 ans.

C’était jeudi dernier. Fraîchement nommée, son Excellence rencontre la presse tunisienne pour la première fois. Objectif du rendez-vous : se faire connaître et donner le « la » de sa mission. Une mission particulièrement scrutée après des années de complaisance française envers un régime honni, une mission particulièrement délicate après les récentes erreurs de la diplomatie française pendant la révolution ayant conduit à la chute de Ben Ali ; Pierre Ménat, 60 ans, son prédécesseur en a fait les frais. « Je suis ici pour écrire une nouvelle page des relations bilatérales, ce qui suppose un autre style, une autre approche« , déclare Boris Boillon, qui s’exprimera aussi dans la langue du Prophète, il est parfaitement arabophone.

Lors de ce repas, il confie aux journalistes que « la France n’est pas là pour donner des leçons, qu’elle serait mal placée pour le faire« . Une journaliste lui demande de préciser son propos. L’ambassadeur est agacé. Et son ton de changer soudainement : « N’essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles, lui répond-il. Franchement, franchement, vous croyez que j’ai ce niveau là. Vous croyez que moi je suis dans la petite phrase débile ? Moi, je suis là pour exprimer une philosophie« . Nouveau malaise après le déjeuner. Une journaliste l’interroge sur son expérience moindre que celle de ses prédécesseurs. Il repousse le micro avant de mettre un terme à l’interview. Il appellera la journaliste plus tard pour s’excuser d’avoir été aussi dur.

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Le « petit Boris » de Nicolas Sarkozy

The name is Boillon. Boris Boillon.

Des extraits de cette rencontre sont diffusés à la télévision tunisienne; les sites de partage prennent le relais. Et son Excellence de se constituer en deux jours une réputation via Facebook notamment, site ayant joué un rôle moteur dans la révolution du Jasmin. Pas moins de 15 pages sur le thème « Boris Boillon dégage » sont créées en quelques heures. Florilège de titres : « Boris Boillon régularise ta situation ou dégage« , « Boris Boillon, casse toi pov’con ». A titre de comparaison, Pierre Ménat n’avait aucune page à son nom. « L’arrogance a ses limites« , écrit Khaled. « C’est fini la colonisation« , rappelle Sélim ou encore « Le peuple tunisien choisit ses ministres et il est mûr pour juger les ambassadeurs étrangers« . « Dégage Sarkoboy« .

Cowboy

Style direct, côté cowboy, homme pressé. La comparaison avec Nicolas Sarkozy revient régulièrement dans les messages. Les deux hommes sont proches. Le président l’appelle tantôt son « petit Boris », tantôt « son petit Arabe ». Bon connaisseur de l’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient, Boris Boillon a été son conseiller diplomatique pendant deux ans. C’est lui notamment qui négociera directement la libération des infirmières bulgares. En 2009, il sera nommé ambassadeur en Irak. En Tunisie, ce Daniel Craig de la diplomatie (cf photo) a du pain sur la planche pour déminer le terrain. « Il est dans l’action, pas dans la polémique« , a minimisé le ministère des Affaires étrangères après les manifestations hostiles.

Sous la pression, Boris Beillon a quand même fait son mea-culpa. Sur son compte Twitter d’abord et puis à la télévision nationale tunisienne samedi soir.


« Je présente toutes mes excuses à tout le peuple tunisien, a dit l’ambassadeur décrié. J’ai une énergie et une volonté bien déterminée de promouvoir des relations bilatérales. J’ai été spontané plus que je n’aurais du l’être. Dorénavant je dois parler de manière plus polie« . Ces mots suffiront-ils à calmer les esprits ? A en juger par les commentaires sur les réseaux sociaux, le rabibochage entre Paris et Tunis sera long et difficile.

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