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Tout le pays attend entre peur et espoir : un rapport de Louis Gallois qui rendra la France de nouveau compétitive. Ou pas…

On le martèle depuis des mois : la France n’est pas assez compétitive. Heureusement la semaine prochaine une arme fatale apportera la solution que tout le pays attend entre peur et espoir : un rapport de Louis Gallois.

Que proposera cet irréductible Gallois ? Un pacte ? Un choc ? Une nouvelle commission ? Derrière les remparts de l’Elysée et de Bercy, on cherche déjà la meilleure façon de l’enterrer. On y refuse de voir la réalité en face : ce n’est plus un pacte de compétitivité qui sauvera la France, ni même un choc. Ce qu’il faudrait c’est une véritable refonte de la société française.

Le manque de compétitivité serait la faute du coût du travail, aux impôts trop élevés ou encore à la rigidité de l’État. Si tous ont leur part de responsabilité, on évite systématiquement de pointer la vraie raison du déclin : Les Français sont peureux. Ils ont peur de la vie, peur de la réussite, et surtout peur du compromis. Un tort, puisque c’est bien d’une conciliation dont le pays aurait besoin. Entre tous les partis politiques, les partenaires sociaux et la société civile. Ça marche à 3 heures de train de l’Elysée, à La Haye précisément, où libéraux et travaillistes ont réussi à former un gouvernement. Leur slogan : ‘créer des ponts’. Ou quand les leaders des deux plus grands partis réussissent à mettre de côté leurs différences pour le bien des Pays-Bas. Imagineriez-vous Harlem Désir et Jean-François Copé expliquant fraternellement sur le plateau du Grand Journal leurs projets communs qui pour sauver le pays ? Comparaison n’est pas raison, mais tant que l’on pense que l’économie est uniquement une affaire de droite ou gauche, on ne sortira jamais de ce marasme. C’est ce « déni français », dont parle la journaliste britannique Sophie Pedder dans son [amazon_link id= »2709639629″ target= »_blank » ]excellent récent livre[/amazon_link], qui fera sombrer la France.

Les derniers chiffres du commerce commercial sont très parlants. Les sept premiers mois de 2012, la France a exporté pour 262 milliards d’euros et est ainsi le troisième exportateur de l’Union. Pas mal, mais à regarder de plus près les chiffres d’Eurostat, on se rend vite compte du désastreux score des Français. Sans surprise, les Allemands sont champions des exportations avec 642 milliards d’euros. Mais que les Néerlandais soient deuxième devrait rendre Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, folle de rage. Les Bataves ont exporté dans la même période pour 296 milliards d’euros. Pis, le bilan commercial : un déficit abyssal de 49 milliards pour la France et un excédent de 29 milliards pour les Pays-Bas, tout de même quatre fois moins peuplés. Même la Belgique, avec autant d’habitants que l’Île-de-France, fait presque de l’ombre aux Gaulois : ce gentil voisin atteint un chiffre comparable à la France en termes absolus : 206,9 milliards, rien qu’entre janvier et juillet de cette année.

Ironie du sort : pendant que l’Espagne, l’Italie, le Portugal et même la Grèce font des réformes, très douloureuses certes, la France se retranche dans ses positions. D’ici à cinq ans, l’économie de ces pays sera plus moderne, plus efficace et surtout plus performante que celle de la France. Mais pendant ce temps-là, au lieu de réagir, les Français continuent de se voiler la face en pensant qu’un pull rayé made in France changera la donne.

Article publié dans La Croix, 2 novembre 2012

2 comments
  1. C’est une blague ou l’auteur ignore vraiment que les conteneurs débarqués à Rotterdam comptent dans les « exportations » des pays-bas?

  2. C’est une blague ou l’auteur ignore vraiment que les conteneurs débarqués à Rotterdam comptent dans les « exportations » des pays-bas?

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