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Unis contre la haine. Ce jeudi, plusieurs rédacteurs en chef néerlandais ont pris position contre le leader peroxydé Geert Wilders.

Unis contre la haine. Ce jeudi, plusieurs rédacteurs en chef néerlandais ont pris position contre le leader peroxydé Geert Wilders, dont le parti populiste PVV a obtenu des bons scores (mais pas la victoire) à La Haye mercredi lors des municipales. Une initiative extrêmement rare dans le plat pays.

A l’origine de ce ras-le-bol commun, un meeting électoral du PVV mercredi soir après l’élection dans la capitale batave. Le chef du Parti pour la liberté demande à son public s’il veut “plus de Marocains ou moins de Marocains aux Pays-Bas et dans cette ville”. “Moins, moins, moins !”, répondent les militants à cette question qui n’en était pas une. Wilders de répondre : “Ok, nous allons nous en occuper”.

Goebbels

Jeudi après-midi, le rédacteur en chef adjoint de RTL Nieuws, Pieter Klein, a publié une lettre ouverte à l’adresse de Wilders. Il y explique que pour la première fois en 25 ans d’existence, la direction de la rédaction prend position contre un homme politique. “A cause de tes idées, tu es menacé depuis des années et c’est inadmissible”, écrit le journaliste. Il poursuit un peu plus loin : “Mais là tu as réussi. Tu as vraiment dépassé les bornes.” Pieter Klein qualifie les paroles de Wilders de “répugnantes, à vomir“. “Ça te surprend que les comparaisons historiques foisonnent ? Bien sûr que non. Tu les as cherchées délibérément. Juden raus. Hitler. Goebbels. Des souvenirs à la déportation. (…) Et ensuite, tu joues la victime. Geert, honte à toi.

Pieter Klein, rédacteur en chef adjoint de RTL Nieuws
Pieter Klein, rédacteur en chef adjoint de RTL Nieuws

Autres réactions

Quelques heures plus tard, un autre média prend position sur l’affaire. Le rédacteur en chef de BNR Nieuwsradio, Sjors Frölich, plaide, lui, en faveur d’un cordon sanitaire : “Ça serait un geste formidable si la prochaine fois que Geert Wilders s’exprime dans la Seconde Chambre (l’Assemblée, NDLR.), tous les députés se lèvent et quittent la plénière.” Dans leurs éditoriales de ce soir, les quotidiens De Telegraaf et le NRC Handelsblad condamnent également Wilders.

Depuis, des centaines plaintes pour discrimination et incitation à la haine ont été enregistrées. A 19 heures ce soir, un groupe Facebook ‘Je porte plainte contre Geert Wilders’ comptait déjà 54.000 membres. Selon une enquête de RTL Nieuws ce soir, un tiers des Néerlandais souhaitent que Wilders soit poursuivi pour son discours de mercredi soir.

“Pas d’excuses”

Geert Wilders, lui, reste droit dans ses bottes et feint de s’étonner du brouhaha qu’il a causé. “Je n’ai rien dit de nouveau et je ne vais absolument pas m’excuser.” Après ce discours haineux, un député de son parti a pourtant décidé de prendre ses clics et ses clacs du PVV. Le député Roland van Vliet du PVV vient de démissionner. C’est le 7e député qui quitte la fraction depuis 2010, qui compte désormais 14 députés (sur 150). Rappelons que Wilders et son parti sont les partenaires du Front national lors des élections européennes les 22 et 25 mai prochains.

Aux Pays-Bas et contrairement à la France, les médias ne soutiennent quasiment jamais un parti ou un candidat. Presse et politiques gardent en général bonnes distances et n’entretiennent pas les mêmes relations intimes qu’en France.

Le discours de Geert Wilders, mercredi soir à La Haye :

Photo : jacco de boer / Foter / CC BY-NC-SA

Note : pendant 7 ans, j’ai été reporter et correspondant de BNR Nieuwsradio. Je suis actuellement le correspondant à Paris de RTL Nieuws. Je ne peux qu’approuver les prises de positions des rédacteurs en chef cités ci-dessus.

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